S’il y a bien un sentiment que je partage avec le photoreporter
Pierre Muscat, c’est la fascination pour l’Iran.
Dans la plus récente édition du magazine WeDemain, parue le
22 février 2018 (ou sur abonnement payable en Bitcoin !), on découvre cinq
photos prises dans le métro de Téhéran par Pierre Muscat. L’article qu’il signe
mentionne le fameux « tarof », la courtoisie persane, bien réelle et
délicieusement éprouvée. Mais quelques clichés se sont glissés dans ses
descriptions d’une ville qui vit autant le jour que la nuit.
On ne parle pas de « souk » en Iran, mais de « bazar ».
Le souk, on le trouve dans les pays arabes. Et le mot « bazar » que
nous utilisons en français vient du vieux persan.
En Iran, prendre des photos dans la rue a été interdit sous le
joug de Mahmoud Ahmadinejad, qui considérait l’appareil photo comme une arme de
guerre. Depuis son départ, on peut tout photographier, sauf les lieux de haute
sécurité. Comme en France. A Paris, dans le 7°arr., en novembre 2017, un
policier m’a interdit de photographier l’extérieur la nouvelle église orthodoxe
construite par J.M Wilmotte, sous prétexte de « monument sensible ».
Coca Cola n'a jamais quitté l'Iran ©Sylvie Bouny |
Dessous chics, Grand Bazar de Téhéran ©Sylvie Bouny |
Policiers, Téhéran ©Sylvie Bouny |
Petite sieste au bazar d'Isfahan ©Sylvie Bouny |
L’article pousse la caricature pour décrire les peintures
murales des leaders politiques au style de « l’imagerie soviétique ».
Je les vois moins angulaires, mais elles nous rappellent qu’islam rime indissociablement
avec politique et que c’est ici aussi l’origine des dissensions avec l’occident.
Place Imam Khomeini ©Sylvie Bouny |
Rappelons ici que Téhéran est la seule ville au monde qui a
exposé pendant deux semaines dans ses rues sur 900 panneaux style JC Decaux 4x3
mètres des images des chefs d’œuvres de la peinture mondiale : 450 panneaux
dédiés à l’art occidental et 450 panneaux réservés à l’art persan. Magritte,
Cézanne, Rembrandt, Pollock, Bacon entre autres sans oublier « Le cri »
de Munch. C’était en 2015.
L’initiateur de cet évènement est d’ailleurs Jamal Kamyab, l’actuel
conseillé culturel en France et de son ami Mojtaba Mousavi, de la mairie de
Téhéran.
Il y a plus de 50 ans, Farah Diba a constitué une étonnante collection
d’art contemporain mondial. Elle a choisi des centaines d’œuvres en fonction
des étapes artistiques franchies par leur auteur. En quittant le pays le 16
janvier 1978, elle s’est inquiétée du sort réservé à cette collection considérée
comme inappropriée au regard des ayatollahs révolutionnaires.
Ils n’y ont pas touché, la conservant intacte. Excepté une
toile, une seule. Un De Kooning qui représente une femme nue (en cherchant
bien). La toile n’a pas été détruite, mais échangée contre une autre.
Depuis 2016, la collection est montrée par rotation d’œuvres
au Musée d’art contemporain de Téhéran (dont la conception architecturale toute
en béton revient au choix de Farah Diba). Des œuvres que personne n’avait plus
vu depuis 1978.
Musée d'art contemporain, Téhéran ©Sylvie Bouny |
Musée d'art contemporain, Téhéran ©Sylvie Bouny |
Mais tout cela n’est que détails par rapport aux paroles
tenues par Pierre Muscat sur France Inter, relatant que les soirées privées
regorgeaient d’alcools, de vins. Les interdits absolus.
Même sous pseudonyme, la police iranienne sait parfaitement
chez qui M. Muscat est allé. Que le stockage ou la consommation d’alcool en
Iran mène directement à la case prison, sans échappatoire et pour de longues
années. Du vin ? -En route pour Evin. Evin, la prison des prisons, creusée
dans la montagne au nord de Téhéran. Non, Monsieur Muscat ! Quand on est
fasciné comme vous l’êtes par l’Iran, on ne peut pas ignorer les risques
incommensurables que l’on fait prendre à ses amis persans en parlant des
interdits bravés à 5 heures de distance, pour la simple fanfaronnade.
Vous avez choisi un pseudonyme pour publier ces photos du
métro de Téhéran, pour vous garder le loisir d’entrer aux Etats-Unis d’Amérique
quand il vous chante. Allez aux Usa maintenant, où les américains ont mal à
leur présidence comme les iraniens ont mal aux effets désastreux de leur
embargo.
Le tarof des Iraniens, Téhéran ©Sylvie Bouny |
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