jeudi 5 décembre 2013

Une guerre froide si chaude

Nikita Khrouchtchev et Richard Nixon
Elliott Erwitt a pris cette photo entre le 24 et 31 juillet 1959, à Moscou, au parc Sokolniki.

C’est l’histoire du premier échange culturel entre l’URSS et les USA : l’exposition d’une maison américaine typique, reconstituée, avec tous les biens de consommation intégrés pour faire découvrir aux Russes joies et bienfaits de la modernisation.
C’est l’histoire transformée en parodie, sous couvert d’humour et de décontraction où les mots fusent comme des scuds en aller-retour entre Nik et Dick, entre les deux Blocs.

L’histoire de cette rencontre mémorable demeure sous la dénomination de  ‘conférence de la cuisine’  - the kitchen debate - , simplement parce que le principal échange verbal et vigoureux, appuyé par des photos s’est déroulé dans le décor de la cuisine modèle de l’exposition.

Se sachant filmé par les télévisions, Khrouchtchev  demande à Nixon que tous ses propos soient traduits et retransmis intégralement sur les chaînes américaines, dans lesquels il soutient que le système soviétique offre des conditions de vie qui ne sont ni moins bonnes, ni meilleures que les américaines et où la servilité n’est pas exactement où on croit la voir…
Mais les propos entre Dick et Nik se suspectent, s’enveniment. Rien ne va plus, jusqu’au moment où Nixon dresse un index démonstratif contre le ‘tyran’.

A cet instant, pas de caméra. Un seul appareil de photo. Tenu par un émigré russe, Elliott Erwitt, qui comprend la réponse marmonnée de Khrouchtchev  : нахуй  - ‘va te faire f…’ - , idiome qui ne sera traduit qu’en langage diplomatique.

Pour montrer qu’une photo ouvre un large champs à l’interprétation, libre à la subjectivité et pour viser l’impérieuse nécessité de la légende informative pour éliminer un maximum d’ambiguïté.
Au-delà de cette obligation morale, avec ou sans légende, nous nous approprions l’image selon la qualité de notre perception. Commence alors le voyage immobile dans le temps et l’espace, par les regards des photographes.

Alors, bienvenus dans le monde de la photographie, avec des photos qui parlent et qui font parler.


Voici le reportage filmé de l’inauguration de cette exposition et des échanges virulents qui l’ont accompagnée :